Je suis installée dans ma chaumière, mélancolique villégiatrice.
Pour compagnons, je n’ai qu’un chien, hargneux et crotté,
les oiseaux du bois, et un vieux paysan dont j’ignore le nom.
Un jour, je vis ce vieux paysan qui rôdait autour de la maison,
en coulant vers moi un regard oblique.
Le lendemain, il revint et recommença son manège ;
le troisième jour, il se hasarda à pénétrer dans le clos.
— Alors, ça vâ ? me dit-il en enlevant de dessus son crâne
sa casquette de drap roussi par plus de vingt soleils.
— Mais oui, mon brave, répondis-je.
— Allons, c’est biè, c’est biè !
— Et comme ça, l’on dit que vous v’nez d’Paris ?
— Mais oui.
— Allons, c’est biè, c’est biè !
Il s’en retourna de son pas gourd et de sa démarche pesante de vieux terrien finissant.
Depuis, tous les soirs, quand le soleil baisse derrière le coteau,
il vient s’asseoir sur le banc, devant ma porte,
et tandis que, rêveur, je laisse errer ma pensée à travers
« la sérénité dolente du couchant », lui dodeline de la tête,
sans jamais prononcer une parole.